Peut-être expliquer ce qui se jour avec cette pénurie de vaccins qui risque de perdurer.
Il y avait déjà un problème avec l’impossibilité de ne faire que les vaccins obligatoires , depuis 2008 en raison de la suspension du vaccin DTP (diphtérie tétanos polio) contenant les seules valences obligatoires. Cette suspension, pour d’obscures allégations de réactions allergiques, s’est avérée définitive et les parents n’ont donc plus le choix et sont obligés d’adjoindre d’autres vaccins aux obligatoires pour être en règle avec les obligations vaccinales, parce que il n’existe pas de vaccin DTP ayant l’autorisation de mise sur le marché pour les nourrissons. Donc, il faut, au minimum, ajouter la coqueluche (Tetravac, de Sanofi, Infanrixtétra de GSK c'est-à-dire DTCP et coqueluche), ou encore ajouter deux autres vaccins aux obligatoires (PENTAVAC de Sanofi et INFANRIX QUINTA de GSK, DTP coqueluche + Haemophilus b), ou encore trois autres vaccins en ajoutant la valence hépatite B au précédent (INFANRIXHEXA DE GSK).
Le problème, avant la pénurie, était de deux ordres :
- L’absence de choix pour les personnes souhaitant limiter la vaccination de leur enfant aux vaccins obligatoires
- Le problème de l’indemnisation des victimes d’effets indésirables. A savoir la que si un effet indésirable grave survient lors d’une vaccination obligatoire c’est un article de loi particulier qui s’applique (responsabilité sans faute, article L 3111-9, comme expliqué par Marc Girard http://www.rolandsimion.org/spip.php?article161 ) qui permet aux parents de ne pas avoir à apporter la preuve d’une faute pour ouvrir droit à une indemnisation. Le problème étant que, quand d’autres vaccins sont combinés aux vaccins obligatoires dans la même seringue la responsabilité des vaccins obligatoires n’est pas retenue et que l’indemnisation devient alors quasi impossible.
Le problème actuel est que l’on n’a plus du tout le choix, en l’absence de vaccins tetravalents et pentavalents et on devrait vacciner tous les nourrissons avec des vaccins contenant les 6 valences, hépatite B incluse. Le vaccin hexavalent est, de plus plus cher que le vaccin pentavalent 39 euros contre 23 euros, qui est plus cher que le vaccins tetravalent , 14 euros.
Pour faire court la principale raison de cette situation est la stratégie commerciale et actionnariale des grosses sociétés pharmaceutiques, comme Sanofi ou GSK, qui se tournent volontiers vers des marchés bien plus rentables et rémunèrent très fortement leurs actionnaires alors qu’elles minimisent leurs investissements industriels. Parce que, pour ceux qui avaient encore un doute, le but des firmes n’est pas d’améliorer la santé des population mais de faire des profits. Et nous en pâtissons de multiples manières, y compris par le développement des conflits d’intérêts et de la corruption.
L’exemple de Sanofi est parlant. Le secteur vaccins de Sanofi est celui qui connaît la plus forte croissance en chiffres d’affaires. En 2009, le chiffre d’affaire de la société pour les vaccins était de 627 millions, en 2014 il était 3 924 millions, soit un chiffre d’affaires multiplié par plus de 6.
Cette augmentation du chiffre d’affaires s’est fait très peu en Europe et beaucoup aux Etats-Unis et sur les marchés émergents, surtout grâce à l’extension de la vaccination contre la grippe aux Etats-Unis et dans les pays émergents. Rien qu’aux Etats Unis, le chiffre d’affaires des vaccins contre la grippe est passé de 533 à 694 millions d’euros entre 2013 et 2014 grâce aux différentes formes de vaccin Fluzone. En matière de vaccins le chiffre d’affaires de Sanofi se repartit de manière très déséquilibrée. 56% (2,2 Mds) des 3,974 Mds de CA sont réalisés aux Etats Unis, 33% (1,3 Mds) dans les marchés émergents, et seulement un peu plus de 5% en Europe de l’Ouest et dans le reste du monde.
Le problème, avant la pénurie, était de deux ordres :
- L’absence de choix pour les personnes souhaitant limiter la vaccination de leur enfant aux vaccins obligatoires
- Le problème de l’indemnisation des victimes d’effets indésirables. A savoir la que si un effet indésirable grave survient lors d’une vaccination obligatoire c’est un article de loi particulier qui s’applique (responsabilité sans faute, article L 3111-9, comme expliqué par Marc Girard http://www.rolandsimion.org/spip.php?article161 ) qui permet aux parents de ne pas avoir à apporter la preuve d’une faute pour ouvrir droit à une indemnisation. Le problème étant que, quand d’autres vaccins sont combinés aux vaccins obligatoires dans la même seringue la responsabilité des vaccins obligatoires n’est pas retenue et que l’indemnisation devient alors quasi impossible.
Le problème actuel est que l’on n’a plus du tout le choix, en l’absence de vaccins tetravalents et pentavalents et on devrait vacciner tous les nourrissons avec des vaccins contenant les 6 valences, hépatite B incluse. Le vaccin hexavalent est, de plus plus cher que le vaccin pentavalent 39 euros contre 23 euros, qui est plus cher que le vaccins tetravalent , 14 euros.
Pour faire court la principale raison de cette situation est la stratégie commerciale et actionnariale des grosses sociétés pharmaceutiques, comme Sanofi ou GSK, qui se tournent volontiers vers des marchés bien plus rentables et rémunèrent très fortement leurs actionnaires alors qu’elles minimisent leurs investissements industriels. Parce que, pour ceux qui avaient encore un doute, le but des firmes n’est pas d’améliorer la santé des population mais de faire des profits. Et nous en pâtissons de multiples manières, y compris par le développement des conflits d’intérêts et de la corruption.
L’exemple de Sanofi est parlant. Le secteur vaccins de Sanofi est celui qui connaît la plus forte croissance en chiffres d’affaires. En 2009, le chiffre d’affaire de la société pour les vaccins était de 627 millions, en 2014 il était 3 924 millions, soit un chiffre d’affaires multiplié par plus de 6.
Cette augmentation du chiffre d’affaires s’est fait très peu en Europe et beaucoup aux Etats-Unis et sur les marchés émergents, surtout grâce à l’extension de la vaccination contre la grippe aux Etats-Unis et dans les pays émergents. Rien qu’aux Etats Unis, le chiffre d’affaires des vaccins contre la grippe est passé de 533 à 694 millions d’euros entre 2013 et 2014 grâce aux différentes formes de vaccin Fluzone. En matière de vaccins le chiffre d’affaires de Sanofi se repartit de manière très déséquilibrée. 56% (2,2 Mds) des 3,974 Mds de CA sont réalisés aux Etats Unis, 33% (1,3 Mds) dans les marchés émergents, et seulement un peu plus de 5% en Europe de l’Ouest et dans le reste du monde.
D’autre part, Sanofi est très généreux avec ses actionnaires, leur redistribuant 100% de son bénéfice comptable ou revenu net c'est-à-dire plus de 11% de son chiffre d’affaires en 2013 ou 3,77 Mds d’euros sur 32,91 Mds de CA . C’est la deuxième entreprise la plus généreuse avec ses actionnaires du CAC 40 après Total
http://www.lesechos.fr/journal20150213/lec2_finance_et_marches/0204156103823-total-et-sanofi-au-coude-a-coude-1092931.php . Du coup, elle investit peu dans l’outil industriel. Et seulement si elle estime qu’elle a beaucoup de bénéfices à faire, comme pour le vaccin contre la dengue, dont elle attend un chiffre d’affaires de 1 Md
http://acteursdeleconomie.latribune.fr/strategie/industrie/2015-02-06/sanofi-pasteur-80-millions-de-doses-de-vaccins-anti-dengue-en-2015.html .
De plus Sanofi touche de 125 à 150 millions chaque année d’aides sous forme de crédits d’impôts en France.
Concrètement, on gère la pénurie. Dans ma collectivité on nous a dit que seul quelques vaccins pentavalents étaient disponibles chez GSK, et qu’il serait préférable de les réserver aux enfants nés de mères ayant une hépatite B chronique, vaccinés contre l’hépatite à la naissance et à 1 mois.
Pour ma part j’ai deux enfants répondant à ces caractéristiques, de mémoire, tous les deux sans droits ouverts. Les parents ne peuvent donc pas payer les quelques 80 euros remboursés par la sécurité sociale pour faire les vaccins recommandés, c'est-à-dire un pentavalent et un Prevenar, qu’il faudrait faire deux fois à 2 et à 4 mois.
Je pense que distribuer larga manu les rares vaccins que les multinationales ont bien voulu nous laisser dans leur recherche effrénée de profits va seulement faire qu’ils seront épuisés au bout d’une ou deux semaines.
Reporter la vaccination n’est pas souhaité par la majorité des parents et il n’est certainement pas question de le leur imposer.
Je pense que c’est aux associations, aux ONG et aux politiques qui se sentent concernés de se saisir du problème.
Déjà, des parents m’annoncent qu’ils ne trouvent plus certains ROR en pharmacie. Je pense que ça ne va faire que s’aggraver.
http://www.lesechos.fr/journal20150213/lec2_finance_et_marches/0204156103823-total-et-sanofi-au-coude-a-coude-1092931.php . Du coup, elle investit peu dans l’outil industriel. Et seulement si elle estime qu’elle a beaucoup de bénéfices à faire, comme pour le vaccin contre la dengue, dont elle attend un chiffre d’affaires de 1 Md
http://acteursdeleconomie.latribune.fr/strategie/industrie/2015-02-06/sanofi-pasteur-80-millions-de-doses-de-vaccins-anti-dengue-en-2015.html .
De plus Sanofi touche de 125 à 150 millions chaque année d’aides sous forme de crédits d’impôts en France.
Concrètement, on gère la pénurie. Dans ma collectivité on nous a dit que seul quelques vaccins pentavalents étaient disponibles chez GSK, et qu’il serait préférable de les réserver aux enfants nés de mères ayant une hépatite B chronique, vaccinés contre l’hépatite à la naissance et à 1 mois.
Pour ma part j’ai deux enfants répondant à ces caractéristiques, de mémoire, tous les deux sans droits ouverts. Les parents ne peuvent donc pas payer les quelques 80 euros remboursés par la sécurité sociale pour faire les vaccins recommandés, c'est-à-dire un pentavalent et un Prevenar, qu’il faudrait faire deux fois à 2 et à 4 mois.
Je pense que distribuer larga manu les rares vaccins que les multinationales ont bien voulu nous laisser dans leur recherche effrénée de profits va seulement faire qu’ils seront épuisés au bout d’une ou deux semaines.
Reporter la vaccination n’est pas souhaité par la majorité des parents et il n’est certainement pas question de le leur imposer.
Je pense que c’est aux associations, aux ONG et aux politiques qui se sentent concernés de se saisir du problème.
Déjà, des parents m’annoncent qu’ils ne trouvent plus certains ROR en pharmacie. Je pense que ça ne va faire que s’aggraver.
Concernant la pénurie de vaccins un point info, des explications, des perspectives d’actions.
Ce jour voila où nous en sommes d’après ce que j’en sais.
Il y a pénurie de certains vaccins pédiatriques notamment de Sanofi et de GSK en France. Pour les vaccins de Sanofi il s’agit du BCG, de tous les vaccins pédiatriques combinés contenant la valence coquelucheuse, à savoir Tétravac (diphtérie, tétanos polio, coqueluche) et Pentavac (+ Haemophilus influenza b). Pour GSK il y a pénurie de Infanrix Quinta, et, si j’en crois le retour des parents, de Priorix également (c'est-à-dire le vaccin rougeole oreillons rubéole). Mais il y a aussi d’autres vaccins qui manquent. Ce sont les vaccins conjugués contre le méningocoque de type C, c'est-à-dire Meningitec et Neisvac.
En raison de quoi, par deux fois, le HCSP a modifié le calendrier vaccinal, non en raison des donnés acquises de la science mais pour gérer la pénurie de vaccins. Pour les vaccins contre le méningocoque le HCSP en a profité pour introduire les vaccins quadrivalents (contre les méningocques ACYW , Némérix et Menveo) pour la vaccination courante des enfants et adolescents et pour en demander le remboursement
http://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=473
http://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=480
Quelle est l’explication de cette pénurie ? On peut en avoir une petite idée en s’intéressant à la stratégie commerciale mondiale des multinationales concernées.
Cela vient de ce que, dans les marchés émergents, la vaccination par le vaccin contre l’hépatite B se fait en routine à la naissance pour la première dose (donc à part des autres vaccins) et de ce que l’OMS a approuvé un schéma vaccinal incluant des pentavalents pour les pays en développement, le pentavalent étant devenu le standard, à la place, anciennement, du DTP.
L’Inde, par exemple, représente 20% de la demande mondiale de pentavalents. Et c’est aussi un fabricant indien, le serum Institute of India , entreprise privée détenue par son fondateur, qui fournit 70% de la demande mondiale de pentavalents. Mais le marché des pentavalents est très disputé, il y a de nombreux fabricants indiens mais aussi des multinationales occidentales sur ce marché comme GSK, Novartis et, très récemment, Sanofi, qui vient de lancer leShan 5, un pentavalent contenant une valence conquelucheuse à germes entiers, comme recommandé par l’OMS qui a estimé que le vaccins acellulaire utilisé en occident (dans Pentavac, Tétravac etc) protégeait mal et pour peu de temps
http://www.msfaccess.org/sites/default/files/MSF_assets/Vaccines/Docs/MSF_The_Right_Shot_ProductCard_DTP-HepB-Hib.pdf .
Le marché indien est énorme, cela représente 28 millions de naissances par an. Et Sanofi vient de lancer, en novembre 2014, le Shan 5 sur ce marché...
+
Etait-ce possible d’anticiper la demande ? Bien sûr que oui. Puisque Sanofi essaye de lancer un pentavalent depuis 2010, année où son vaccin avait été suspendu par l’OMS pour des raisons de qualité
http://www.santelog.com/modules/connaissances/actualite-sante-shantasanofi-le-vaccin-shan-5-suspendu-par-loms-et-lunicef_2857_lirelasuite.htm#lirelasuite . Donc, Sanofi a décidé de consacrer toute sa capacité de production, pas si importante, comme je le disais plus haut, puisque Sanofi redistribue l’intégralité de son revenu net à ses actionnaires plutôt que de construire des usines, à la conquête de ces nouveaux marchés. Alors qu’il suffirait sans doute de quelques dizaines de milliers de doses de pentavalent pour satisfaire les demandes du marché français.
Qu’est-ce qu’on peut faire devant cette situation qui s’aggrave et qui risque de s’aggraver encore, qui aboutit à une situation paradoxale où les parents se voient obligés de faire une sorte d’ achat lié du fait de l’obligation vaccinale et de l’absence d’alternative à l’Infanrix hexa ?
Qui est lésé par cette situation ?
En premier lieu l’Etat, mais l’Etat, les gouvernants, ont toujours défendu les intérêts de Sanofi, en France comme dans les instances internationales et il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils tapent du poing sur la table.
Les médecins ne peuvent pas porter plainte pour non respect de la liberté de prescription, parce que ce n’est pas une infraction.
Les enfant qui ont besoin d’un pentavalent parce que vaccinés à la naissance contre l’hépatite B sont d’origine étrangère pour la très grande majorité, et les parents n’ont pas envie de s’engager dans ces démarches.
Restent ceux qui veulent avoir une liberté de choix sur les vaccins recommandés. Il me semble qu’on peut alléguer du non respect des prérogatives de l’autorité parentale (on ne peut pas imposer à un parent un soin pour son enfant, sauf menace vitale ou obligation légale). Du fait de l’obligation et de l’absence de choix sur les vaccins, les parents ne peuvent plus exercer leur autorité parentale comme ils l’entendent, donc pourraient demander la suspension de l’obligation vaccinale tant que la situation n’est pas rétablie. C’est une piste.
+
Actuellement les parents n’ont plus le choix qui leur est pourtant reconnu légalement et en théorie, de ne pas faire vacciner leur enfant par d’autres vaccins que les vaccins obligatoires (disons ils ont de moins en moins le choix, tant qu’il reste quelques tétravalents et pentavalents). Et cela n’est pas dû à une quelconque modification légale ou réglementaire, mais simplement aux politiques et stratégies commerciales des laboratoires.
Est-ce une bonne chose ? Bien sûr que non.
Et je plaide pour une remise à plat de tout le système, avec un débat avec des acteurs indépendants de la société civile, libres de tout conflit d’intérêts avec les laboratoires pharmaceutiques qui ne peuvent pas être juges et parties, mais aussi libres de toute idéologie anti-vaccinaliste. Autant dire que les participants pourraient être peu nombreux, sauf si on adopte le système du jury populaire, composé de patients, parents, médecins . Une sorte de conférence de consensus telle que décrite par Dominique Dupagne, mais avec pour principe essentiel que tout expert ayant des conflits d’intérêts, toute personne appartenant à une association ayant des positions anti-vaccinalistes, en serait écartée http://www.atoute.org/n/article/rendez-nous-nos-conferences-de.html . Parce qu’à mon avis ce ne sont pas des experts influencés par leurs conflits d’intérêts , ni les personnes ayant des positions marquées par une idéologie extrémiste mais bien les personnes peu impliquées à titre personnel mais responsabilisées et correctement informées qui sont susceptibles de prendre les meilleures décisions dans le sens de l’intérêt général.
Source : http://docteurdu16.blogspot.de/
Les commentaires de Claudina Michal-Teitelbaum (et de nombreux autres participants) sur le blog de docteur du 16 sont souvent très riches d'informations, éclairants et offres des bases de réflexions essentielles. J'ai décidé par conséquent de vous en présenter régulièrement. Attention étant des commentaires d'articles, la rédaction et le contenu sont à replacer dans leur contexte.